Cher Monsieur le Président bonjour.
Je suis une citoyenne française en colère contre la politique que vous menez en Afrique.
Pourquoi cet empressement à entériner l’élection encore une fois frauduleuse et honteuse du dictateur Eyadéma au Togo ? Avez-vous donc oublié la promesse que vous lui aviez arrachée de ne plus se représenter ? Sachez qu’à Lomé, depuis l’annonce de vos félicitations adressées à Mr Eyadéma, le sentiment anti-français atteint une violence dont vous porterez à jamais la responsabilité. L’amalgame est vite effectué entre vos discours de complaisance et les citoyens français qui oeuvrent et travaillent dans des pays comme le Togo. J’ai honte d’être française, j’ai honte de vos actions et de vos réactions vis-à-vis de l’Afrique.
Sachez que j’ai apprécié votre attitude vis-à-vis de la politique de G Bush lors de la dernière guerre du Golfe, pourquoi si peu de discernement lorsqu’il s’agit d’Afrique Noire ? J’ai bien ma petite idée là-dessus, mais en tant que française, je vous demande d’arrêter de jouer avec notre avenir, ainsi qu’avec celui des togolais. Certains de vos compatriotes vivent et travaillent sur des sols étrangers, et il est de votre devoir de ne pas bafouer leur devenir dans ces pays qui les accueillent. Sachez que les Togolais pourraient se retourner vers l’appui des Etats-Unis, ou autres, et que les intérêts français que vous semblez défendre si chèrement en Afrique et au Togo pourraient vous échapper.
J’ai vu de mes yeux empirer la situation sociale, économique et politique de ce pays que j’aime, tout cela à cause de la corruption et de la médiocrité des dirigeants que vous soutenez si ouvertement. J’ai vu de mes yeux les dérives de la violence, la délation débouchant sur l’arrestation de personnes qui n’avaient d’autre défaut que d’affirmer vouloir voter pour un candidat de l’opposition, le bourrage des urnes, les manoeuvres d’intimidation. Je connais personnellement des familles touchées par ces parodies d’élection, je connaissais des vieilles femmes tuées en 1998 par des militaires, débarqués chez elles sous prétexte de vol à main armée, tout simplement parce-que les penchants de ces dames pour une autre politique étaient connus …
La même situation revient actuellement, la nuit l’électricité ainsi que le téléphone sont coupés, des militaires sèment le trouble, et la peur est grande.
Mr Eyadéma bafoue ses promesses, et vous le soutenez : est-ce ainsi que vous dirigez également notre pays ? Les promesses faites pendant la campagne de 2002, au bout de laquelle j’ai voté pour vous au Consulat de France à Lomé, seront-elles aussi peu respectées que celles de votre ami ? Je ne vous apprends rien si je vous dis que ce genre d’amitié est bien malfaisante, repensez au cas de Mr Mobutu et à ce qu’il est devenu à la fin de son « règne ».
La Constitution française, qu’heureusement pour nous vous auriez bien du mal à modifier aussi facilement que ne le fait Mr Eyadéma, reconnaît à chaque citoyen le droit d’interpeller ses élus et d’exiger un contrôle sur tous les secteurs de la politique. C’est pourquoi je m’adresse à vous aujourd’hui. L’Afrique en général, et le Togo en particulier, contrairement à ce que vous semblez croire, n’est pas un ramassis de gens incultes incapables de gérer leur aspiration à une vie meilleure : je vous parle là de citoyens qui, malgré une soit-disant grande diversité, travaillent sans relâche, réfléchissent à leur avenir, tiennent en plus haute estime le droit à l’éducation pour leurs enfants. Des gens qui, si les moyens leur en étaient donnés, feraient de ce continent un véritable paradis sur terre.
J’ose croire que vous aurez la politesse de répondre à ce courrier et vous prie d’agréer, Cher Monsieur le Président, l’expression de ma considération.
Marie J., Lomé (Togo)
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