Chers Fils et Filles dans le Seigneur,
Et vous tous, Hommes et Femmes de bonne volonté,
1. Par sa mort sur la croix, et par sa résurrection d’entre les morts, le Christ nous a libérés. Il nous a arrachés à toute forme d’esclavage, nous introduisant ainsi, et pour de bon, dans la liberté des enfants de Dieu. Dès lors, il n’y a plus ni juif, ni grec, ni circoncis, ni incirconcis, ni esclave, ni homme libre, sinon le Christ qui est tout en tous (cf Col 3, 11).
Contexte du présent message
2. Voilà pourquoi, à l’occasion de la célébration du 49ème anniversaire de l’indépendance du Togo, et comme pour tourner nos regards vers le prochain Jubilé d’Or de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, nous, vos Evêques, pensions vous rejoindre, chacun à sa place, et tous dans ce qui nous unit, pour vous inviter à un sursaut patriotique en vue d’une véritable réconciliation pour l’épanouissement de tous les fils et filles de notre Patrie.
Et voici que les événements que nous vivons ces jours-ci, nous commandent d’être, une fois encore, la voix du Christ cheminant avec notre peuple, comme avec les disciples d’Emmaüs, pris par la tristesse et le découragement, le soir de Pâques.
3. En effet, c’était bien en pleine célébration de la Résurrection du Christ, alors que se prolongeait l’« aujourd’hui » de Pâques, que des informations inquiétantes concernant la sécurité de notre pays, nous sont parvenues.
Dans ce contexte, Nous, vos Pères Evêques, réunis en session extraordinaire ce 21 avril 2009, avons choisi de rappeler certains principes qui nous paraissent essentiels.
Le Togo, terre de nos aïeux, notre héritage commun
4. Donné à nous tous par le Créateur, le Togo appartient à tous ses fils. C’est donc à nous tous qu’il revient d’en prendre soin, de travailler ensemble à sa prospérité et à sa beauté, en veillant au bonheur de tous ses habitants.
C’est dire que nous devons éviter de vouloir faire de l’Etat une propriété privée au service d’intérêts personnels ou partisans. Il y a quelques années, on prônait le slogan que voici, peut-être sans y croire : « Se servir, non ! Servir le peuple, oui ! ». C’est sans doute le moment, plus que jamais, d’en faire un leitmotiv et une règle de vie pour tous ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui y aspirent.
5. A ce propos, et comme l’enseigne le Maître et Seigneur Jésus Christ, ceux qui exercent une quelconque autorité dans ce pays, sont appelés à l’exercer en serviteurs, et non en maîtres. Cela appelle une attention de tous les instants, en particulier, aux plus petits et aux plus vulnérables. Cela exige aussi un véritable esprit de désintéressement, d’abnégation, de respect de la parole donnée et de la volonté populaire clairement discernée.
6. Dans le même ordre d’idées, il nous semble indispensable de prendre en grande estime, et de respecter les dispositions légales de notre Loi Fondamentale, en ce qu’elle a de bon et de nécessaire à la vie paisible et heureuse de chaque Togolais et de chaque Togolaise.
Mère de toutes les lois de la République, la Constitution prévoit la manière, juste et légitime, d’accéder au pouvoir. Nul, vous en convenez, n’a donc le droit de disposer de la « Terre de nos aïeux » comme bon lui semble, ni comme il l’entend.
Faire triompher la vérité
7. Il importe cependant de rappeler que l’amour de la vérité est un critère d’authenticité de toute action en faveur du peuple. Rechercher la vérité, la promouvoir et s’y conformer donne le droit à la parole et à la gestion de la chose publique. Nous souhaitons que les investigations se poursuivent selon le droit et la justice afin que le Togo en sorte grandi et plus sécurisé.
Aimer le Togo
8. Au-delà de toutes considérations, nous devons tous aimer le Togo. Cet amour devra conduire notre vie et porter nos actions. Aimer le Togo, c’est rechercher l’intérêt de tous avant celui d’un individu ou d’un groupe d’individus. Ce qui doit primer sur tout le reste, c’est ce pays que nous avons tous en partage et en héritage.
Aimer le Togo, c’est se dépenser pour son bonheur et celui de tous ses habitants. Nos points de vue partisans ne devraient pas être la norme d’appréciation de nos choix ou de nos décisions. La Patrie ! C’est là notre cri de ralliement, en tant que citoyens d’un même pays. Ne l’oublions pas, c’est bien l’une des composantes de notre devise : « Travail, Liberté, Patrie ».
9. Loin de nous toute action et tout comportement qui pourraient nuire à l’intérêt de tous, à la paix des cœurs, au bonheur de notre peuple ! Voilà pourquoi, nous invitons les protagonistes de l’histoire sociopolitique et économique de notre pays, à laisser l’amour de la Patrie et son service guider et commander leurs activités de tous les instants.
Le Togo a déjà trop souffert
10. Dans son histoire, et surtout dans sa lutte pour sa véritable indépendance, le Togo, notre pays, a payé un lourd tribut et des compatriotes ont dû verser leur sang pour la patrie.
Aujourd’hui encore, bon nombre de nos concitoyens portent dans leur chair, et pour toute leur vie, les séquelles de leur lutte pour la juste cause de notre chère Nation. C’est bien triste de constater que ces souffrances sont parfois occasionnées par nos propres ambitions politiques démesurées, nos égoïsmes, notre mauvaise compréhension et gestion du bien commun. Il est grand temps que tout cela cesse.
Si, de par sa nature, la personne humaine ne peut vivre et s’épanouir qu’en société, il est alors évident que tous doivent travailler pour améliorer le sort les uns des autres et pour rendre la société plus belle et plus conviviale.
Nous devons nous réveiller
11. Ainsi donc, à l’aube du Jubilé d’Or de notre indépendance, les Togolais doivent se réveiller, pour un sens nouveau de la Patrie , de la chose publique, de l’indépendance, et cela, dans un amour plus accru pour ce pays, don de Dieu pour chacun de nous.
Nous en appelons donc au patriotisme, au sens de l’honneur et à la dignité de l’homme togolais. Réveillons nous, rallumons la flamme que, ce 27 avril 1960, nos devanciers ont allumée, porteuse d’espoir et de bonheur. Ensemble, entretenons cette lumière. Ne l’oublions pas, dans la deuxième strophe de l’hymne national qu’ils nous ont légué, les protagonistes de notre indépendance nous font chanter :
« Dans l’unité nous voulons te servir,
C’est bien là de nos cœurs, le plus ardent désir… ».
Que ce désir nous accompagne dans nos choix et dans nos décisions.
Soyons sereins
12. Dans le contexte politique que nous vivons, la paix ne peut résider que dans une sérénité à toute épreuve. Cette sérénité n’est pas synonyme d’insouciance ni d’indifférence. Elle est plutôt le fruit d’une conscience apaisée et d’une confiance absolue en notre Dieu ainsi qu’en sa puissance de protection.
Que les événements de ces derniers jours ne suscitent en nous ni découragement, ni révolte, ni esprit de vengeance. Gardons notre calme. Evitons tout empressement qui pourrait nous induire en erreur. Que notre cœur ne s’émeuve point outre mesure. Tenons fermes et restons dignes.
Continuons de prier
13. Dans les vicissitudes de notre histoire si souvent mouvementée, nous en sommes convaincus, le Seigneur chemine avec nous, prenant sur lui nos fardeaux, apaisant nos douleurs, guérissant nos blessures. Son Esprit ne cesse de nous fournir intelligence, force et lumière. C’est pour cela que notre confiance devra se faire plus forte, et notre prière, plus insistante, afin qu’advienne le jour où les fils et les filles du Togo enfin réconciliés pourront vivre dans la paix et la joie.
Nous invitons donc le peuple chrétien ainsi que les Hommes et Femmes de bonne volonté, à poursuivre avec une foi sans faille, la Prière pour la Paix , que nous vous avions remise pour implorer sur notre pays, ce don précieux que seul le Prince de la paix peut offrir véritablement.
14. Dans un an, vous le savez, nous célébrerons le Jubilé d’Or de l’indépendance de notre pays. A cet effet, nous demandons et prescrivons que d’ici la célébration de ce Jubilé d’Or du Togo, le 27 avril 2010, une messe soit célébrée dans toutes les paroisses pour la patrie, le 27 de chaque mois à partir de mai 2009.
En outre, chacun de nous pourra offrir, suivant les motions de l’Esprit, des prières personnelles, des sacrifices et des jeûnes, en esprit de repentance et de confiance. Dieu nous aime. Il ne nous abandonnera jamais : « Une mère peut-elle oublier son fils, ne pas chérir le fruit de ses entrailles ? Même s’il s’en trouvait, moi, le Seigneur votre Dieu, je ne vous oublierai pas » (Is 49, 15).
15. Tournons-nous à présent vers la Vierge Marie, Celle qui obtient tout de son Fils Jésus. Confions-lui nos préoccupations, disons-lui notre confiance, et déposons à ses pieds notre désir de paix et de justice pour ce pays qui lui a été consacré depuis son indépendance.
Sainte Marie, Reine de la Paix,
Reine du Togo et Reine de l’Afrique
Ecarte de nous tout malheur !
Vous tous, Saints et Saintes de Dieu,
Priez pour nous ! Amen ! Alléluia !
Fait à Lomé, le 21 avril 2009
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