Le constat d’un dialogue de sourds à Ouaga : Les deux positions apparemment irréconciliables
Officiellement Faure Gnassingbé n’était pas à Ouaga pour rencontrer Gilchrist Olympio mais pour témoigner de sa gratitude au facilitateur Blaise Compaoré. C’est parce que la visite du Chef de l’Etat togolais a coïncidé avec la présence dans la capitale Burkinabé de l’opposant historique Gilchrist Olympio que le Président du Faso a suggéré une rencontre entre les deux hommes. Faure Gnassingbé qui aurait souhaité que cette rencontre ait lieu au pays plutôt qu’à l’étranger ne pouvait cependant pas rejeter cette suggestion.
Lors des discussions qui se sont poursuivies après le retrait du facilitateur, Gilchrist Olympio n’a pas exclu l’entrée de son parti au gouvernement. Mais avant, il exige que des solutions soient apportées à ses préoccupations.
Pour le Président de l’UFC, il faut reprendre le décompte des voix afin que la vérité des urnes se manifeste. En outre, les problèmes institutionnels importants qui n’avaient pas été pris en compte par l’Accord Politique Global devraient être réglés. En fait le Président de l’UFC a voulu amener Faure Gnassingbé d’abord à reconnaître que le RPT n’a pas gagné les législatives et à réaliser donc que le pays est replongé dans une nouvelle crise qui nécessite une nouvelle négociation.
Pour Faure Gnassingbé, il n’est pas question de revenir sur les élections dont le contentieux a été réglé par la Cour Constitutionnelle conformément aux dispositions de l’APG. S’en tenant à la constitution actuelle, et à ses propos contenus dans son récent message à la nation, il a fait remarquer que rien ne l’oblige à faire entrer l’opposition au gouvernement mais que c’est par souci d’ouverture et dans un esprit d’apaisement qu’il tend la main à l’opposition. Traduction : l’UFC a le choix entre rentrer dans le gouvernement ou se contenter de son rôle d’opposition parlementaire mais a-t-il précisé, tout devra se faire dans le cadre de la loi. Il s’agit là d’un dialogue de sourds qu’aucun habile médiateur ne saurait mettre d’accord. Et si par miracle on passait le cap des préalables posés par l’UFC on se retrouverait devant un autre problème comme celui du partage de portefeuilles de souveraineté.
En fait la situation créé à la suite de l’élection du 14 octobre 2007 complique les équations à Faure qui ne peut faire de nouvelles concessions à Gilchrist Olympio sans heurter les susceptibilités de ceux de son entourage qui le soupçonnent de vouloir « remettre le pouvoir à ses oncles Ewe ».
En effet la décision de Faure Gnassingbé d’être au dessus de la mêlée et de laisser faire pendant la campagne électorale n’a pas été du goût des siens qui perçoivent l’alternance politique comme une menace pour leur survie. Sur les affiches de l’UFC, Gilchrist Olympio qui n’était candidat dans aucune circonscription électorale figurait en bonne place suivie des candidats de l’UFC en miniature. Ce qui témoignait d’une présidentialisation des législatives. Et qui plus est au stade municipal de Kara, le président de l’UFC avait déclaré « Nous gagnerons et nous serons en position de nommer un premier ministre et un gouvernement ». Pour les tenants de l’ordre ancien Gilchrist a ainsi publiquement dévoilé son intention de réaliser un coup d’Etat institutionnel à travers les élections puisque c’est le Chef de l’Etat qui à les prérogatives de nommer un Premier ministre et de former le gouvernement. Il ne restait aux tenants du système Eyadema que d’user de tous les moyens pour conserver le pouvoir. On connaît la suite. Au risque donc d’être éjecté en raison de son attitude jugé conciliante avec l’opposition Faure Gnassingbé sera-t-il obligé de se montrer encore plus ferme ?
A quoi ressemblera le futur gouvernement sans l’UFC ?
Par A.S
Le Regard N°570 du 7 Nov 2007
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