14/10/2024

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Togo : Le casse-tête de l’opposition

vendredi 11 mars 2005.

Le scénario est apparu comme un cadeau servi sur un plateau d’argent à l’opposition togolaise. La mort du général Gnassingbé Eyadéma, après près de quatre décennies de règne, a apporté une bouffée d’oxygène dans l’arène politique, même si le fils du « baobab », Faure Gnassingbé, a tenté d’usurper le pouvoir par la suite, avant d’être contraint de se ranger dans l’ordre constitutionnel.

L’opposition togolaise a sans doute applaudi, se disant que cette fois elle pourrait mettre le pays sur les rails démocratiques, grâce, bien sûr, à l’opportunité que lui offre la voie des urnes. Mais c’était sans compter avec sa probable incapacité à transcender les intérêts personnels pour bâtir le bien commun. Certes, elle n’a pas encore choisi son candidat pour la prochaine élection présidentielle, fixée au 26 avril.

Mais d’ores et déjà, des signes précurseurs d’une éventuelle division règnent en son sein. Qui sera le challenger de Faure Gnassingbé ? Sur cette question, les partis de l’opposition ne sont pas encore parvenus à accorder leurs violons. L’application de la Constitution exclut d’office le président de l’Union des forces du changement (UFC), Gilchrist Olympio, le plus redoutable des opposants au régime togolais. L’opposition fait donc ses petits calculs politiques. Réussira-t-elle à trouver un candidat de consensus ?

C’est une équation complexe à laquelle il faut impérativement trouver une solution. L’idéal aurait été que la compétition fût ouverte à Gilchrist Olympio. Mais dans le contexte actuel, cela pourrait relever du politiquement incorrect, car, pour cela, il faudrait modifier la Constitution. Or, il n’y a pas longtemps, Faure Gnassingbé a été fermement condamné par l’opposition togolaise et les communautés africaine et internationale, pour s’être livré à cet « exercice à problèmes ».

Au regard de cet état de faits, l’opposition devrait éviter de faire une fixation sur un individu et présenter, au nom de l’intérêt général, un autre candidat digne de la représenter au scrutin présidentiel. Parce qu’il s’agit là d’un tournant décisif de son existence. Sa capacité à gérer ses problèmes internes et à trouver un candidat consensuel sera un signal fort, un gage de confiance vis-à-vis de la gestion des affaires publiques, si elle occupait le fauteuil présidentiel. En tous cas, le peuple togolais l’a à l’oeil, de même que la communauté internationale qui n’a ménagé aucun effort pour le retour à l’ordre normal.

Le candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT), Faure Gnassingbé, devrait, lui aussi, oeuvrer autant que possible, à donner une chance au Togo de s’engager résolument dans un processus démocratique. Car, bien souvent, les bisbilles entre les hommes politiques prennent en otages les espoirs des populations et plombent les élans de développement. Conséquence : l’Afrique continue de ployer sous le lourd fardeau de la pauvreté.

Dans plusieurs pays africains, les scenarios se suivent et se ressemblent. L’opposition a du mal à retrouver ses repères ; la mouvance présidentielle, elle, use de pratiques souvent malsaines, animée par le seul désir de se maintenir au pouvoir. Or, la démocratie suppose des possibilités d’alternance et d’alternatives.

Mais pour réaliser cette ambition, il faut bien que les postulants à la gestion des affaires publiques fassent preuve de responsabilité. Souvent, l’opposition, du fait de son incapacité à bâtir l’édifice du consensus et de la conviction politiques, contribue à donner des galons au parti au pouvoir. On a pu le constater au Cameroun, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et dans bien d’autres Etats africains. Par contre, sous d’autres cieux, l’opposition a fait un sursaut salvateur, saisissant toutes les occasions pour prouver qu’elle peut gérer le pays.

Il importe donc que les partis d’opposition togolais tirent le meilleur parti de la situation actuelle. Dans tous les cas, il y va de leur avenir politique. Ou l’opposition réussit à trouver un candidat consensuel et de taille à mobiliser ses troupes et à remporter le prochain scrutin, ou elle échou et perd, de ce fait, la confiance de ce peuple dont la grande majorité cherche toujours à sortir des « ténèbres » du régime Eyadéma, qui ont apparemment du mal à se dissiper, même si le « dinosaure » a tiré sa révérence. L’heure est donc décisive. Et il ne faut pas rater le coach.

Le Pays