Lettre à Mr Barnier du Député (PCF) du Val-de-marne Jean-Claude Lefort, Membre de la Commission des Affaires étrangères
Paris, le 24 mai 2005
Monsieur Michel Barnier
Ministre des Affaires étrangères
37, Quai d’Orsay
75007 Paris
Monsieur le Ministre,
La situation qui prévaut au Togo depuis l’élection présidentielle du 24 avril dernier – dans ce que nous en savons déjà – est très lourde de préoccupations et d’inquiétudes.
Les témoignages qui nous parviennent font état d’exécutions sommaires et de disparitions perpétrés par les forces « régulières » avec le concours de miliciens affiliés au Rassemblement du peuple togolais tandis que des victimes sont également à constater du côté des forces armées.
A cela s’ajoutent l’impossibilité d’accès aux morgues, la «disparition» de dossiers médicaux, l’afflux persistant et massif de réfugiés dans les pays voisins, en particulier le bénin et Le Ghana. On estime à près de 30.000 les personnes ainsi déplacées dans des conditions où les deux pays « receveurs » connus ne peuvent pas assurer un accueil digne de ce nom.
La Ligue togolaise des droits de l’homme (affiliée à la FIDH) estime nécessaire, ajuste titre, que les organes concernés des Nations unies et de l’Union africaine puissent s’impliquer dans l’établissement des faits et des responsabilités.
Une Commission d’enquête internationale, sous l’égide de la communauté internationale, qui pourrait se rendre au Togo, au Bénin et au Ghana aux fins précisément « d’établissements des faits et responsabilités » s’avère absolument nécessaire.
Cette Commission d’enquête pourrait s’appuyer sur les procédures spéciales des Nations unies, à commencer par les rapporteurs spéciaux et les groupes de travail sur les exécutions sommaires, les disparitions forcées, la torture, les violences contre les femmes et la liberté d’opinion et d’expression. Elle pourrait aussi comprendre des parlementaires, notamment français et européens.
Pour mettre en place une telle Commission d’enquête internationale, le soutien et la demande de la France sont nécessaires et indispensables malgré le fait que vous ayez considéré, de manière quelque peu étonnante (pour ne pas dire plus), que l’élection présidentielle récente s’était déroulée « correctement » selon vous.
La vérité est que ce pays est à feu et à sang depuis cette élection tout spécialement.
C’est pourquoi, Monsieur le Ministre, je vous demande instamment d’intervenir en ce sens qui est légitiment souhaité par de nombreux togolais et des grandes associations de défense des droits de l’homme.
Dans l’attente d’une décision rapide de votre part estimant que la campagne référendaire ne peut vous mobiliser seulement, Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de mes sentiments distingués.
Jean-Claude Lefort
Député du Val-de-marne
Membre de la Commission des Affaires étrangères
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