Les arrestations et les interpellations au sein de l’opposition togolaise commencées avant les élections présidentielles du 04 mars 2010 ne faiblissent pas. Elles se sont multipliées au cours des dernières semaines dans les rangs des militants et sympathisants de Jean-Pierre Fabre. Les veillées et les marches hebdomadaires de mercredi et de samedi sont les occasions où ces rafles s’opèrent sur les lieux des manifestations et dans les rues avoisinantes.
Les autorités ont tout fait pour annihiler les ardeurs défensives des activistes des droits de l’homme au Togo. Si ce n’est pas une complicité qui ne dit pas son nom, c’est en tout cas un mutisme assourdissant qui augure des jours et des mois sombres pour les libertés publiques au Togo. Des manifestants aux mains nues sont poursuivis et violentés dans les rues, des revendeuses aux abords des lieux de manifestations accusées de mettre à la disposition des manifestants de la nourriture et de l’eau sont bastonnées, des passants et des badauds habillés en jaune sont arrêtés et jetés dans les véhicules des forces de sécurité, la répression des activités des militants et sympathisants de l’UFC qui soutiennent Jean-Pierre Fabre a pris une nouvelle tournure qui s’apparente à de l’intimidation et des harcèlements d’un passé récent où sévissait la dictature. Face à toutes ces dérives, les associations de défense des droits de l’homme, dans leur grande majorité, se taisent et peinent à les dénoncer. Quant aux structures internationales installées au Togo à l’instar du Haut Commissariat des Nations unies pour les Droits de l’homme (HCDH) et de quelques chancelleries, le refrain est le même, à savoir « nous suivons de près la situation et discutons avec le gouvernement ».
Pendant ce temps, les interpellations et les arrestations se multiplient. Plus inquiétant, c’est le mutisme des associations locales de défense des droits de l’homme qui, pour des raisons inavouées, se murent dans le silence. Malheureusement, la raison est toute simple : presque toutes ces associations ont été coptées et intéressées par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation(CVJR) pour l’accompagner dans sa mission de vulgarisation, de dissémination et de plaidoyer auprès des populations sur la mission et le mandat de la Commission à cette étape cruciale des dépositions. Plus grave enfin est le silence de la conférence épiscopale, surtout la haute hiérarchie de l’Eglise catholique qui ne veut plus frustrer le régime togolais qui l’accuse souvent de supporter l’opposition togolaise. En commandant des messes de triduum auprès des archevêchés pour le jubilé de l’indépendance du pays et en confiant le poste de président de la CVJR à un évêque, le régime a joué gros pour rentrer dans les bonnes grâces de la haute hiérarchie de l’Eglise catholique qui en a pris acte…
Hier, Fulbert Attisso, Guillaume Coco et autres… !
Les sorties médiatiques de Fulbert Attisso et de ses amis du Mouvement Citoyen pour l’Alternance (MCA) se sont soldées par l’interpellation et l’emprisonnement de ces jeunes togolais qui n’ont pour toutes armes que leur aptitude à mobiliser et à convaincre la jeunesse de la justesse de leur combat. Fulbert Attisso, Guillaume Messan Coco, Eric Solewossi et Yao Chéché Abobi croupissent depuis plus de cinq mois à la prison de Kara. Si le premier s’accroche aux bouquins pour passer ses journées, le second vient de guérir d’une fièvre typhoïde qui l’a fortement secoué ; les deux derniers, plus jeunes, ne comprennent toujours pas les raisons de leur internement. Sans jugement, presqu’oubliés à plus de quatre cent kilomètres de leurs familles, ils gardent pourtant le moral et ne désespèrent pas car ils savent que leur cause est juste. Nicodème Habia, député UFC-pro Olympio, qui était avec eux aux premières heures de la création et de l’implantation de ce mouvement, et qui a retourné casaque de manière bizarre et inopportune à quelques jours de leur arrestation, se pavane à Lomé dans ses nouveaux habits d’Ami de Gilchrist Olympio. Pourquoi ne peut-il pas intervenir auprès de son mentor pour demander l’élargissement de ses amis d’hier auprès du pouvoir ? Que font les associations de défense des droits de l’homme dans ce dossier ?
La récente arrestation en pleine rue et en plein jour de Kofi Folikpo participe donc à la répression aveugle qui s’abat à nouveau sur les Togolais, surtout ceux qui veulent porter une autre voix que celle du pouvoir. Quarante huit heures après son interpellation, Kofi Folikpo fut aussitôt déféré à la prison de Lomé pour « outrage aux forces de l’ordre ». Belle trouvaille pour envoyer au gnouf les manifestants téméraires qui battent les pavés mercredi et samedi pour demander justice et dignité pour ce pays.
Et si le régime demande aux Togolais de réessayer à nouveau un parti unique ? On n’en est plus loin, à ce rythme où sévit la répression…
La Rédaction letogolais.com
LIRE EGALEMENT :
[Interview de André Afanou de CACIT-Togo : «Rien ne justifie la détention des leaders du MCA»-> https://www.letogolais.com/article.html?nid=4209]
[VIDEO: Fulbert Attisso du MCA se défend->http://www.youtube.com/watch?v=TG47zhFDFGs]
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