23/04/2024

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Togo : UFC, ANC même destinée !

TRIBUNE LIBRE
Par Tido BRASSIER

La vie d’un combattant de la liberté, de l’Etat de droit et la démocratie est un parcours rythmé par les aléas imprévisibles du monde politique. Cependant, c’est avec courage, détermination et la ferme croyance à ses convictions de justice et d’égalité, qu’un combat politique peut prendre du volume sur le plan national, voire continental ou planétaire avec une dimension humaine pour arriver à son terme, c’est-à-dire lutter sans merci contre une oppression, pour la libération du peuple.

En cela, « le long chemin vers la liberté » de Nelson Mandela en Afrique du Sud au temps de l’Apartheid à partir des années 40 avait de quoi décourager l’homme s’il était de peu de conviction politique. D’une façon cumulée, l’homme a connu plus d’une trentaine d’année de détention – interdiction – et clandestinité dès lors qu’il avait créée en tant qu’étudiant en droit à Fort Hare, avec le concours d’autres camardes de lutte, la ligue de la Jeunesse du congrès national africain en Afrique du Sud au temps de l’apartheid. La lutte s’intensifia d’autant qu’il devient membre de la direction nationale de l’ANC par la suite et plus tard premier commandant en chef de la branche armée du parti. Dès lors, le parti national afrikaner se montra inflexible et sans concession dans sa politique d’oppression contre les masses populaires noires, métisses et indiennes, et la lutte de libération s’est diversifiée sur trois fronts : politique, diplomatique et militaire contre la pratique de l’apartheid. Ni la prison, ni la brutalité policière et militaire, et encore moins la clandestinité et les interdictions de voyager n’ont ébranlé la cause juste de l’ANC, nettement soutenue à travers le monde entier.

Une république d’Afrique du sud non-raciale, démocratique, et libre a fini par naitre à cause de la ténacité des valeurs et convictions portées par des hommes dont Nelson Mandela, Oliver Tambo, Walter Sisulu, le chef Albert Luthuli et d’autres…..

Au Togo, nous sommes pratiquement dans les mêmes conditions en face à la dictature du RPT qu’on peut assimiler au Parti National Afrikaner de l’apartheid, pour sa politique tribale et sa brutalité policière et militaire en réprimant constamment la population togolaise, parce qu’elle demande la liberté, la démocratie et l’Etat de droit comme l’ANC en Afrique du Sud. Tous les dirigeants togolais n’ont pas tenu la ligne dure et inflexible de leur conviction politique face aux tenants du régime dictatorial de la junte militaire des Gnassingbé au pouvoir depuis 1967.

Depuis 1990, à la suite du soulèvement populaire de la jeunesse togolaise dit « mouvement du 5 octobre » qui a fait trembler le dictateur Eyadema, au point de chercher son asile politique avant la conférence nationale, qui a été aussitôt récupéré par de nombreux partis politiques naissant dont les leaders sont pour la plupart des aventuriers affamés dont les convictions sont limitées à une régression alimentaire. A l’époque de la conférence nationale souveraine, l’opinion nationale bluffée par la tourmente des événements en cours ne distinguaient pas encore l’engagement réel pour la liberté, la démocratie et l’Etat de droit prôné par l’Union des Forces de Changement d’une part, qu’on peut comparer à l’ANC par rapport au nationalisme africain de ces deux formations politiques, et d’autres part, les partis politiques écrasés et déposés par la dictature dont le PDR de Zarifou Ayéva, la CPP de Edem Kodjo, la CDPA de Léopold Gnininvi, le CAR de Yaovi Agboyobo qui sont tous à la recherche de la rente alimentaire à travers des convictions virtuelles qui ont retardé la libération de notre peuple du joug de la dictature des Gnassingbé.

Maintenant qu’ils savent après les législatives frauduleuses du 14 octobre 2007, que le peuple n’entend plus continuer la lutte avec eux, ils doivent pouvoir s’exécuter devant sa volonté en tirant les conséquences qui s’imposent. Edouard Kodjo : deux fois premier ministre, Yaovi Agboyibor : une fois premier ministre, Ayéva : Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères, Gnininvi : Deux fois ministres d’Etat, d’abord ministre des Mines, puis des Affaires étrangères et d’autres…..

Tous ont littéralement échoué, en mettant à la décharge publique quelques 15 années d’expérience de combattant de la liberté en allant pactiser avec le diable pour des raisons de survies alimentaires au dépens des objectifs de notre lutte contre la dictature des Gnassingbé en trompant au passage et sans vergogne notre peuple qui continue de gémir dans la douleur de la misère et la pauvreté.

Lorsque le chef Mangosuthu Buthelezi du parti Inkatha pour la liberté et premier ministre du Kwazulu, fut manipulé par le parti national Afrikaner de Frédérik De Klerk, contre ses frères de lutte de l’ANC, Nelson Mandela avait fait une déclaration publique en disant « que s’il le faut, il ira à genoux le supplier de la nécessité d’un front commun contre l’oppresseur ». C’est ainsi qu’à l’image de Buthelezi, le professeur Gnininvi fut manipulé par le pouvoir au lendemain des législatives du 14 octobre 2007, pour siéger au gouvernement de Faure Gnassingbé, en vue d’accréditer la thèse d’ouverture du gouvernement Mally qui en réalité est une mascarade.

A ce sujet, il faut noter comme disait Napoléon Bonaparte que : « l’opinion publique est une puissance invisible, mystérieuse, à laquelle rien ne résiste : rien n’est plus mobile et plus fort ». L’opinion publique nationale qui observe tout au Togo s’en souviendra en 2010, car le cas du leader de la CDPA est non seulement incompréhensible, mais troublant et sérieusement alarmant.
En citant de nouveau Nelson Mandela, s’agissant de l’apartheid, il faut savoir « qu’on ne peut pas réformer un système oppressif, on ne peut que le rejeter entièrement ».

Dans le cas Togolais, le peuple est dans sa légitime défense à partir du moment où l’Etat-Oppresseur continue d’utiliser la violence et la fraude électorale pour confisquer la liberté et l’alternance politique qui doivent conduire à la démocratie et l’Etat de droit.

« Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’a d’autres choix que de répondre par la violence » disait encore Nelson Mandela, cela veut dire c’est le RPT qui détermine la forme de la lutte en nous opprimant chaque jour, et l’UFC avec le peuple togolais ont raison de résister, et au besoin répondre un jour par la même violence. Aucune condition ni garantie n’est visible à l’horizon aujourd’hui pour collaborer avec le régime dictatorial togolais. Toute tentative de collaboration serait fatale pour notre peuple au profit d’un renforcement et du maintient de l’oppresseur. Autrement dit, ceux qui sont allés à la mangeoire, doivent reconnaître la réalité de cette méthode utilisée, qu’ils contribuent à maintenir le système en place, parce que le pouvoir RPT ne cherche qu’à moderniser la dictature togolaise sans vouloir l’abandonner.

L’UFC demeure la seule formation politique togolaise et de loin la première force politique du pays par son indépendance, sa résistance et son nationalisme face à la monarchie dictatoriale du Togo. Son combat demande de plus en plus de fermeté à l’égard du pouvoir. Au besoin, il n’est pas exclut du côté de la diaspora togolaise dans le monde d’utiliser la violence armée contre la dictature des Gnassingbé, exactement de la même manière qu’elle ne se gêne pas quand il s’agit de massacrer le peuple pour conserver le pouvoir.

Cela s’appelle « la légitime défense », comme le disait Nelson Mandela au ministre Kobbie Coetsee de la justice du gouvernement Pieter Botha en Afrique du Sud au temps de l’apartheid, venu lui rendre visite dans sa prison de Victor Verster, quelques jours après avoir quitté celles de Robben Island et Pollsmoor où il a passé vingt huit années de détention. Il justifiait ainsi, le maintient du haut commandement militaire et la branche armée dénommée : Umkhonto we Sizwe. Ce qui constitue un rapport de force presqu’égal vis-à-vis des tenants du régime de l’apartheid, pour les contraindre à négocier.

Dans le cas togolais, il faut un tel rapport de force avec le pouvoir RPT pour équilibrer les futurs accords et la lutte démocratique du peuple togolais.

Que de morts depuis le coup d’Etat du 13 janvier 1963 au Togo par l’assassinat du président Sylvanus Olympio, le capitaine Paul Comlan assassiné dans sa cellule le 31 juillet 1974, le Docteur Marc Atidékpé tué au cours de l’attentat de Soudou en mai 1992, où le président de l’UFC Gilchrist Olympio fut grièvement blessé et hospitalisé par la suite à l’hôpital du val de grâce à Paris, Tavio Amorin, assassiné par deux policiers le 23 juillet 1992 et de nombreux autres assassinats, ainsi que des prisonniers politiques qui étaient torturés dans le camps d’Agombio dans les années 90.

Le massacre de Fréau Jardin le 30 janvier 1993, qu’on peut assimiler au massacre de Sharpeville en Afrique du Sud le 21 mars 1960 faisant 69 morts et plus de 200 blessés. Ce jour, à la place Fréau Jardin, aujourd’hui rebaptisé Place Anani Santos, plus de 300.000 manifestants pacifiques sont pourchassés par des militaires et policiers qui tiraient sur eux dans le dos. Plus de 30 personnes sont tuées et d’autres corps transportés par des militaires dans des camions de l’armée pour une destination inconnue.

De même que le massacre de la lagune de Bè perpétré par les parachutistes de l’armée sur ordre du dictateur Eyadema en avril 1991 où 28 corps sont repêchés. Un massacre similaire à la répression de SOWETO en 1976 où l’armée et la police sud Africaine ont massacré les jeunes des townships lors d’une manifestation pacifique contre les pass.

Le 5 janvier 2005, à la suite du décès du dictateur Gnassingbé Eyadema, son fils Faure Gnassingbé accéda au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat militaro-constitutionnel contesté par l’opinion publique nationale et internationale qui a débouché sur une mascarade électorale suivie d’un massacre sans précédent dans l’histoire du Togo. Plus de 1500 personnes sont tuées après la proclamation des résultats frauduleux de la présidentielle d’avril 2005, et 40.000 autres réfugiées au Ghana et au Bénin. Le pays était en état de siège.

Comment peut-on continuer ce combat les mains nues ? Non, trop de vies humaines sont allées au charbon pour continuer dans la même direction. Trop de pauvreté et misère sont criardes et invivables pour collaborer avec ce régime. Trop de ruses sont utilisées par le pouvoir pour travestir les nombreux accords signés avec l’opposition à Lomé, Ouaga, Colmar et ailleurs. La dernière ruse du pouvoir fut électorale : celle du 14 octobre 2007 pour abuser des Togolais et de l’Union européenne pour la reprise de la coopération sans alternance politique, en s’attribuant de façon arbitraire 50 sièges à l’assemblée nationale. C’est une ruse permettant au RPT de faire main basse sur tous les pouvoirs en détruisant notre cher pays le Togo.

Paris, le 7 janvier 2008
Tido BRASSIER