26/04/2024

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Une élection à plusieurs inconnues

Par BADJANG ba NKEN

La principale question qui hante les esprits est de savoir sur quelles bases va se dérouler la présidentielle attendue.

Les multiples pressions de la communauté internationale ont fini par faire fléchir Faure Gnassingbe Eyadema, qui a renoncé à ses fonctions de président de la République par intérim, tout en demeurant candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT) à la présidentielle prévue dans les 60 prochains jours. Intervenant vendredi dernier dans une allocution télévisée, Faure Gnassingbe Eyadema a déclaré agir ainsi pour  » garantir la transparence de cette élection, son équité et donner les mêmes chances à tous les candidats.  » Certes la décision de l’ancien président autoproclamé a permis de restaurer la légalité constitutionnelle réclamée tant par l’opposition togolaise que par de nombreux pays et organisations internationales, mais à la vérité le chemin à parcourir pour parvenir à des élections transparentes et équitables pour tous est encore long à parcourir.

Trois raisons au moins permettent de l’affirmer :

1. Une constitution taillée sur mesure : Adoptée en 1992 par référendum, la constitution togolaise a subi de nombreuses modifications au gré des gouvernants qui savaient pouvoir compter sur la majorité du RPT à l’Assemblée nationale. En témoigne le coup d’Etat constitutionnel du 6 février dernier, dont le seul but était d’écarter le président du parlement, Fambaré Natchaba Ouattara, de la présidence de la République par intérim, au profit du fils du défunt président. Selon des sources concordantes, les amendements de la constitution togolaise sont si nombreux que non seulement ils échappent à la maîtrise du grand public, mais encore ils mettent hors course tous les sérieux prétendants à la magistrature suprême. C’est le cas notamment de Gilchrist Olympio, opposant de longue date du régime Eyadema qui risque de ne pas être candidat à la prochaine présidentielle, pour n’avoir pas résidé au Togo depuis au moins un an.

2. Un système électoral controversé : Selon les mêmes sources, le système électoral togolais a toujours été au centre de la controverse entre les gouvernants et la classe politique, ces dernières années. Il est fort à craindre qu’il en soit encore ainsi lors de la prochaine élection présidentielle. L’opposition avait boycotté les dernières législatives en arguant notamment que la constitution des commissions électorales n’avait pas respecté le principe de l’équité, et que les listes électorales avaient été constituées sur une base discriminatoire.

L’accord politique que l’opposition togolaise réclame aujourd’hui dans la perspective de la prochaine présidentielle vise non seulement à faire en sorte que tous les candidats qui le souhaitent puissent prendre part au scrutin, mais aussi que le système électoral soit revu. Une hypothèse difficile à envisager quand on sait, par exemple, qu’il faut de longs mois pour réviser ou refondre les listes électorales.

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3. Le poids de l’opposition : Du poids de l’opposition dépendra en bonne partie le résultat de la prochaine présidentielle. Et, ce faisant, l’avenir du Togo. Après 38 ans d’exercice du pouvoir, le RPT dispose d’une machine bien huilée, des cadres bien formés et ayant une bonne maîtrise du terrain, ce à quoi il faut ajouter d’importants moyens financiers. Pour faire face à cette  » artillerie lourde « , l’opposition devra dépasser ses clivages, taire ses divisions et s’unir pour mettre sur pied une stratégie commune. Sinon elle sera laminée et ne pourra que se contenter de dénoncer la fraude et d’autres malversations comme c’est généralement le cas, à la suite d’une défaite.

Au total, le clivage étant très important entre le pouvoir et l’opposition, la communauté internationale devra s’impliquer pour que la prochaine élection présidentielle se déroule sur des bases consensuelles et que ses résultats soient acceptés par les deux parties. Ce sera un grand pas vers la résolution de la crise togolaise.

Cameroon Tribune