23/04/2024

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Corneille Kossi Akpovi, l’adieu d’un virtuose de la kora

Les artistes sont en deuil. Le monde de la culture a perdu un de ses grands animateurs. Le talentueux joueur togolais de kora, Corneille Kossi Akpovi, est mort le samedi 25 décembre 2004, des suites d’une courte maladie à l’âge de 41 ans. Musicien, comédien, conteur, entrepreneur culturel, Corneille A. Akpovi était un personnage à l’humilité rare et à la discrétion à nulle autre pareille.

Par Ekoué Satchivi

Un nouveau malheur endeuille le monde des artistes. Sans avoir laissé le temps au peuple togolais de pleurer Koffi Emmanuel Ahiakpor, alias Politicos, l’ouvrier du rire décédé en juin 2004 et encore moins l’écrivain et éditeur Yves- Emmanuel Dogbé, disparu le 7 novembre dernier, la mort pose son doigt fatal sur Corneille Kossi Akpovi, le plus Malien des artistes togolais.
Musicien, comédien, conteur, entrepreneur culturel, Corneille A. Akpovi était un personnage à l’humilité rare et à la discrétion à nulle autre pareille. Ignorant l’orgueil et cherchant dans le jeu de la kora, ses moments les plus enthousiastes, le patron de l’Espace Arema, était encore en France au début du mois de novembre dernier avant de revenir à Lomé. Se sentant mal, et hospitalisé, il rendra l’âme dans la nuit du samedi 25 décembre 2004.

LE PLUS MALIEN DES ARTISTES TOGOLAIS

Séduisant les visiteurs du Centre culturel français de Lomé par sa simplicité, Corneille A. Akpovi était un modèle pour les artistes de sa génération. C’est au Mali qu’il avait découvert la kora, cordophone très en vogue dans le monde Mandingue. Grâce à sa dextérité, il en deviendra un virtuose, internationalement reconnu et apprécié.
« Je pleure la perte de celui qui a été mon ami, mais surtout un grand homme de culture », telle a été la réaction de François Gaudeau, en apprenant la mort du grand maître de la kora. Comme pour contenir son émotion et s’incliner devant la mémoire de l’artiste, l’ancien directeur du Centre culturel français, aujourd’hui en poste à Hong-Kong, a ajouté ; « Le son de ta kora continuera de diffuser les belles mélodies de cette culture africaine que tu as magnifiée. J’envie tous ceux qui aujourd’hui, dans ton nouveau monde, t’écouteront et partageront ton amitié ».

De sa volonté de contribuer à la valorisation et à la redécouverte des identités culturelles dans un sens de la modernité, Corneille Kossi Akpovi a mis sur pied sur la route d’Adidogomé (banlieue Nord- Ouest) de Lomé, l’Espace Arema ; une dénomination qui en Ifê, une des langues togolaises, signifie loisirs, divertissement. Le centre qui contribue à l’éclosion des créations et des artistes comporte cinq unités à savoir une salle de spectacle, une galerie d’art musical, un ensemble instrumental, et deux ateliers s’occupant respectivement de la formation musicale sur des instruments de musique africains et de facture d’instruments.

Corneille A. Akpovi a participé à de nombreux rendez-vous artistiques et culturels au Togo et à l’étranger. Conseiller au sein de son bureau directeur, il a contribué par son expérience pluridisciplinaire, au rayonnement du Festival de théâtre de la fraternité (Festhef), initiative de jeunes, inauguré en 1993 à Assahoun dans l’Avé, qui sert de cadre de compétition à des compagnies dramatiques africaines et étrangères. Membre de la Compagnie Zinaria Tiata Club (Zitic), créée en 1988, il a participé à de nombreuses représentations en Afrique et en France. La classe et le talent du maître de la kora ont été également appréciés au Théâtre de l’Utopie à Chalon sur Saône (France). Avec l’Espace Arema, il a fait partie du Réseau Kourouni, un regroupement d’opérateurs culturels du Nord et du Sud, basé à Marseille qui a pour vocation de favoriser et de multiplier les occasions de diffusion des créations.
Après avoir pris part à plusieurs éditions du Festival « Nuits Métis » à Marseille et contribué au succès du programme des ateliers du Filbleu qui s’était déroulé du 5 au 13 juillet 2004 à Lomé, le patron de l ‘ Espace Arema n’était pas aux Nuits Métis telles qu’imaginées en terre africaine du 26 décembre 2004 au 3janvier 2005 à Béni Abbès en Algérie.
Point final pour cet artiste respectueux de la tradition, du conte, des instruments africains anciens et contemporains, qui avait l’habitude de dire qu’ « il ne joue pas pour les gens qui ne l’écoutent pas, mais pour ceux à qui il pourrait enseigner la kora ». Plus jamais, le grand maître de la kora, ne fera vibrer les férus de rythmes traditionnels et de contes.

L’homme est parti un peu trop tôt, mais son immense œuvre reste pour donner l’occasion aux uns et aux autres de mieux cerner la pensée et le cœur de l’artiste qui a exalté par sa vie et son talent la richesse du patrimoine culturel togolais et africain. Aux dernières nouvelles, le virtuose de la kora sera inhumé le 8 janvier 2005 à Avété, son village natal dans la préfecture de l’Ogou.

La rédaction letogolais.com