28/03/2024

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Togo : la 349° cérémonie Epé-Ekpé révèle une pierre sacrée de couleur grise…

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Aného – 26/08/2010 – La 349è édition de la cérémonie annuelle de prise de la Pierre sacrée Epé Ekpé ou Ekpessosso, organisée jeudi soir, a été marquée par une grande mobilisation du peuple ‘Guin’ du Togo. Véritable rencontre de retrouvailles, cette fête regroupe chaque année, des Togolais originaires de la préfecture des Lacs et de sa diaspora, ainsi que des prêtres vaudou du Ghana, du Bénin, du Nigeria. Selon l’histoire, les Guins, au sud-est du Togo, ont quitté Elmina, au Ghana, depuis des siècles avec des attributs royaux.

La prise de la Pierre sacrée, encore appelée ‘Epé-Ekpé’ ou ‘nouvelle année’ marque pour eux le début d’une nouvelle année qu’ils célèbrent lors des cérémonies de purification, des sacrifices aux mânes des ancêtres et des 41 divinités qui composent leur univers mystique.

En effet, à chaque prise de la Pierre sacrée, qui annonce le début de l’année chez ce peuple originaire du sud-est du pays, la Pierre, selon sa couleur et les conditions de sa prise, véhicule un message que seuls les prêtres vaudou maîtrisent.

Cette année, la Pierre sacrée est de couleur grise et annonce une année de prospérité à conditions de suivre un chemin ascèse.

Ekpéssosso, l’identité du peuple Guin

Par AJ

Epé-Ekpé (la prise de la pierre sacrée), point culminant de la fête du Epkessosso est à la fois une philosophie cosmologique et une expression topique de l’identité collective du peuple Guen. De cette philosophie découlent les principes constitutifs de l’homme, le couple suprême des dieux, Mawu (le féminin, l’orient, la lune) et Lissa (le masculin, l’occident, le soleil). Une insistance plus grande est accordée aux dieux, à la fois, forces et êtres, qui maintiennent la tradition et l’ordre cosmique. L’enseignement philosophique d’Ekpé se résume à la pratique de la solidarité. Une très ancienne tradition fait remonter les Guen (Guin) en Egypte pharaonique. Les éléments noirs animistes auraient émigré vers le sud, en passant par le Soudan et le Niger, pour aboutir à Accra (Ghana). Ils y fondèrent un grand et puissant royaume au 3ème siècle. Mais en 1600, pour fuir le long conflit qui oppose les Guen aux clans Ashanti Baoulé, une partie des princes du royaume quittent Accra en pleine nuit.

Le prince FolyBebe, son grand frère Foly Zemadro, Ata-Ayi et Mensah ainsi que le chef d’état major des armées du royaume Latevi (Lawson) créent alors le puissant royaume de Glidji. Il s’étendait d’Agbodrafo en passant par Aného, Zowla, Agoué et Péda, jusqu’à Porto-Novo (Bénin actuel). Les Guen, remarquables commerçants négocient la paix avec leurs voisins pour faire fructifier l’économie de leur royaume. Des grands notables d’Accra tels que les Ajavon, les Gaba, les Akue, ainsi que les Afro-brésiliens affranchis tels que les de Souza, les d’Almeida, les da Silveira et les Olympio rejoignent le royaume Guen. Pour déterminer l’année nouvelle, le puissant et sage roi FolyBebe s’inspire d’une tradition Ga. C’est la cérémonie du Epkessosso

ANCIENNE TRADITION GA

Afin de se faire ouvrir les portes du futur et bénéficier à foison des largesses des dieux, les Mina se donnent rendez-vous chaque année dans la deuxième quinzaine du mois de septembre pour célébrer leur nouvel an. Il est marqué par la prise de la pierre sacrée qui se déroule le jeudi du dernier quartier de la 13ème lune de l’année. Cette cérémonie, en l’honneur de la déesse Mama Kolé, a lieu à Glidji Kpodji, au sommet de la falaise de la terre de barre qui domine la lagune. Au centre de la place se trouve la borne sacrée, siège de la déesse, où se déroulent les prières et les libations. Hounon, le grand prêtre, relayé par un groupe de jeunes initiés lance les festivités.

Mais, bien avant le début des cérémonies d’Epé-Ekpé, vers la mi-juin, les grands prêtres traditionnels des trois divinités principales du peuple Guen – Ata-Kpessu, Mama Kole, Gniblin Adasu – se réunissent à huis clos, avec le grand prêtre de Togbe Lakpan, pour une cérémonie appelée Nma Dumo (la semence du maïs). Cette cérémonie a lieu dès l’apparition de la nouvelle lune, au mois de juin, afin de fixer le calendrier d’Epé-Ekpé. Ce rite précède le Sedodo, le Situtu, le Tchesi-Dodo, le Bliku-Mama, le Kpesso, le Noli-Yoyo, le Yaka-Okê, le Kpantcho-Tcho et le Vodu-Djé-Apu.

DE MULTIPLES PREMICES

Le Sedodo (décret des interdits) est une période de silence et de privation qui peut être considérée comme une période de carême. Les interdits constituent les préliminaires à la cérémonie traditionnelle d’Epé-Epké. Ils s’étendent sur trois mois. A partir de ce jour, personne n’a le droit de faire du bruit, d’être surpris par la grande nuit, de jouer au tam-tam, d’enterrer à coups de salves et de chants funèbres et de participer à des réjouissances populaires. Ce rite a une importance pour plusieurs raisons. Il nivelle notamment la société et fait disparaître durant une certaine période les différences sociales, sources fréquentes de désunion.

Cette phase du Situtu (projection d’eau) de la cérémonie Epé-Ekpé a lieu, un mardi de la mi-août, environ quatre semaines avant Kpessosso, dans le couvent de Togbe-Lapkan, le dieu des La. Les officiants préparent une eau lustrale (Tchesi) pour les cérémonies religieuses. Au cours de cette cérémonie, la boisson alcoolisée est destinée aux méchantes divinités pour les affaiblir et la boisson sucrée pour renforcer celles du Bien. L’eau lustrale est un symbole d’union entre les vivants, d’une part, et d’autre part entre les vivants et les morts. Boire à la même calebasse signifie pour deux ennemis, solliciter des dieux la paix, la protection et la bénédiction.

DES RITES SECULAIRES EN DEPIT DE L’INFLUENCE OCCIDENTALE

Avant d’entamer le rite du Tchesi (préparation de l’eau sacrée), le Hounon procède à la préparation de l’eau sacrée. Cette préparation nécessite une jarre d’eau de mer, une bouteille d’alcool, une calebasse de Liha (boisson à base de sorgho) et des herbes spéciales. Le grand prêtre prend une brassée de branchages de feuilles appelées Sica et invoque les divinités. Il prend un récipient de bois, fait une nouvelle invocation. Puis ramasse une poignée d’Anyanyran et y ajoute deux autres herbes magiques aux propriétés secrètes du nom de Gbo et Amaga. Il verse l’eau spéciale salée, appelée Kolée, et la complète avec de l’eau appelée Gbagu.

La préparation terminée, les autres grands prêtres et quelques initiés étendent leurs mains au-dessus du récipient, puis les baignent dans le liquide lustral, paumes, puis dos de la main successivement trois fois. Enfin chacun d’eux tire un brin d’Anyanyaran et l’attache au cou et aux poignets. Sept femmes et sept hommes choisis lors d’une cérémonie spéciale, initiés vierges ou qui ont cessé, quelques jours auparavant, toute activité sexuelle, viennent à leur tour tremper leurs mains dans l’eau lustrale. Trois fois successives et à la troisième, ils en aspergent ceux qui les entourent. Le grand prêtre de Sakumo s’avance alors au milieu de la place, accompagné des deux autres Hounon des divinités principales et des grands dignitaires. La foule des initiés, adeptes et spectateurs, se presse autour d’eux. La cuvette de bois est déplacée devant l’assistance, à cet instant commence le rite de bénédiction de Tchesi.

GBATSUME, ROYAUME DES DIVINITES

Au lendemain de Situtu, les grands prêtres se réunissent en assemblée dans le sanctuaire de Mama Kole pour entériner définitivement le calendrier de la cérémonie. C’est le Bliku-Mama (compte à rebours). Le grand prêtre de Mama-Kole prend un récipient en bois contenant des grains de maïs secs qu’il partage en plusieurs tas égaux. Leur nombre correspond au nombre de jours devant s’écouler avant la date de la prise de la pierre sacrée. Les tas sont envoyés aux chefs des clans qui retirent des grains à la fin de chaque journée. Cela jusqu’au jour où le tas se réduit à deux grains. Ce jour est la veille de Kpéssosso ; le lendemain, le peuple partira pour Gbatsumé.

Le Bliku-Mama concrétise la volonté du peuple Ga de communiquer et de compter. Ce système de comptabilité rural et ancestral est maintenu dans la cérémonie en dépit des influences occidentales. Du chant du coq à la fin de la course du soleil, une marée humaine converge vers Gbatsumé pour la cérémonie du Kpessosso (prise de la pière sacrée). Elle se compose surtout de dévots et d’initiés de toutes les divinités, en grande tenue d’apparat. Les grands prêtres, drapés d’un pagne blanc, portent des colliers d’Anyanyran (concombre sauvage) avec leurs petites baies rouge-orangé semblables à des pendeloques d’or. Vers 10 heures commence la première manifestation : la grande prière. A 14 heures, on procède au Motata (le débroussaillement). Les grands prêtres pénètrent alors dans la Forêt Sacrée.

LES DIEUX DE LA MER

Ils implorent longtemps et chaque invocation est ponctuée du Hellu. Ce qui signifie : attention ou malheur aux sorciers, malheur aux ennemis du peuple, malheur aux indifférents. Vers 16 H 30, un groupe compact de Hounon et d’initiés avance à pas lents sous les acclamations de Hellu. Une façon de mettre en garde et de défier un éventuel ennemi, tout en prenant à témoin la pierre sacrée. Puis après ces cérémonies, les Hounon profitent de l’exaltation et de l’inattention du public pour regagner la Forêt Sacrée. Le lendemain de la prise de la pierre sacrée, toutes les interdictions sont levées. Chaque clan se retrouve à Yohome (maison ancestrale) pour invoquer ses ancêtres et leur faire des offrandes lors d’une cérémonie dénommée Noli-Yoyo (Invocation des morts). C’est un rite didactique qui apprend aux jeunes ce qu’ils doivent savoir sur leur statut, leur lignage et celui des autres lignages du peuple Guen.

Puis arrive le repas rituel du Yaka-Oke (le Yéké-Yéké), repas d’unité. Le Yéké-Yéké est un couscous de maïs, spécialité des femmes Guin, qui est servi gratuitement. Tout le monde est invité à manger et à honorer ce plat ainsi que tous les autres. Après cette cérémonie et durant trois jours, c’est le Kpantcho-Tcho (désacralisation). Tous les Lavios se déguisent, les femmes en hommes avec les attributs sexuels en apparat et les hommes en femmes, pour chanter et danser en l’honneur de leurs ancêtres sans tam-tam. La musique est composée uniquement par la cadence des battements de pieds au sol et des mains sur la poitrine. C’est aussi une occasion pour les jeunes de mettre en dérision les interdits à travers leurs chants et danses obscènes. Enfin le Vodu-Dje-Apu (retour des dieux à la mer) met fin aux nombreuses manifestations d’Epé-Epke. En décembre les dieux Guen, d’origine marine, retournent dans les profondeurs abyssales. Les initiés et dévots pénètrent dans la mer, s’y ébrouent et regagnent la berge, exorcisés.

La rédaction letogolais.com

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