14/10/2024

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Togo: Succés de la Marche de protestation de SOS Journalistes en Danger

VIDEO:
[SOS Journaliste en Danger: les ODDH dénoncent les actes de torture à l’ANR->http://www.youtube.com/watch?v=twTu4LHHoio&feature=related]

Habitués à l’ambiance feutrées des studios de radio et au calme des salles de rédaction, les journalistes togolais étaient samedi dernier dans les rues de Lomé pour faire entendre leur voix et dénoncer le silence coupable du pouvoir de Faure Gnassingbé face aux informations de plus en plus persistantes faisant état de projets de liquidation de journalistes considérés comme « trop critiques à l’égard du régime en place et de ses institutions fantoches (sic)».

Regroupée comme prévue au bas fond du Collège Saint Joseph, la foule de manifestants composée essentiellement de journalistes, de défenseurs des droits de l’Homme et de citoyens lambda épris de liberté, a arpenté les artères de la ville de Lomé au cri de « Massina démission ! », « Massina assassin ! ».
Au devant des manifestants on comptait les responsables de l’association SOS Journalistes en Danger à l’instar de Ferdinand Ayité, Francis Pédro Amouzou, Augustin Amégan, Zeus Aziadouvo, Fabi Kouassi, et les leaders d’Organisations de défense des droits de l’Homme.

Comme à leurs habitudes, les forces de l’ordre et de « répression » n’étaient pas très loin de la foule. Contrairement à leur mission d’encadrement et de maintien de l’ordre, celles-ci ont au contraire essayé de semer du trouble au cours de la manifestation en fonçant avec leurs véhicules sur les manifestants, l’objectif étant de les intimider.
Mais c’était compter sans la détermination des marcheurs qui avaient à cœur de mener leur action jusqu’à son terme. Malgré ces manoeuvres, les manifestants ont poursuivi leur chemin jusqu’à la Fontaine lumineuse où le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Dokissime Gnama Latta les attendait pour, se disait-il, discuter avec les manifestants.

Pour le ministre, il n’était pas question que les manifestants rallient la Place de l’Indépendance comme ils le projètent « la Place de l’Indépendance est un symbole de l’Etat, a-t-il laissé entendre. Nous vous disons d’aller finir votre marche à la plage. La Place de l’Indépendance c’est pour les fêtes nationales et les manifestations officielles. C’est pour cette raison que nous vous demandons d’aller vers la plage terminer votre marche ». Celui-ci n’a pas manqué dans son intervention, de louer l’homme qui lui a offert ce job. Il s’est donc fourvoyé dans des propos louangeurs à l’adresse de Faure Gnassingbé qui, selon lui, serait un homme de paix et de réconciliation qui ne souhaite pas user de la violence. « Le président de la République a toujours prôné l’apaisement dans ce pays et nous sommes dans cette logique », lança-t-il, et de poursuivre : « Les journalistes se sont sentis menacés mais ils ne sont pas venus à moi, je les aurais reçus. J’ai mené des enquêtes sur la question et je vous dis que ces informations se sont avérées infondées. Pensez-vous qu’un voleur va téléphoner à sa victime pour lui dire que je viens tel jour vous voler ? Je vous dis que je suis le ministre de la Sécurité de tous les Togolais, vous pensez que moi je vais cautionner de telles affabulations ? Non !

Est-ce que les journalistes de SOS Journaliste en Danger sont venus à moi et j’ai refusé de les recevoir ? Les autres sont venus, je les ai reçus, je les ai rassurés. C’est cela la démocratie ! Je n’ai jamais reçu de courrier provenant de SOS Journaliste en Danger ! A ce jour, je vous dis que je n’ai rien reçu. J’ai pris l’engagement de mener mes propres enquêtes. J’ai eu trois sources différentes et toutes ces trois sources ont été unanimes : ce sont des affabulations ! Ça n’existe pas !

Vous êtes des citoyens, si vous voulez exprimer votre opinion, allez-y, mais pas de violence ! La Place de l’Indépendance c’est le symbole étatique pour des manifestations officielles », a-t-il conclu, dans l’indifférence totale de la foule qui elle, l’a proprement snobé et continué sa route.

Cette tentative du ministre de négocier avec les hommes de média ou plutôt, de détourner les manifestants de leur objectif principal qui est celui de rallier la Place de l’Indépendance pour faire part aux autorités des menaces de mort qui pèsent sur eux s’est soldée par un échec et les manifestants ont continué leur route vers le quartier administratif.

Les manifestants seront une ultime fois interceptés par les forces de l’ordre sur le Boulevard du 24 Janvier en face de l’ancien siège de la société de téléphonie mobile Togocellulaire. Mais peine perdue, la foule de journalistes et de défenseurs des droits de l’Homme a poursuivi son chemin jusqu’à la hauteur du ministère de la Santé où les attendait de pied ferme, un impressionnant dispositif de sécurité mis en place par la Gendarmerie nationale qui n’a pas hésité à user de grenades lacrymogènes pour disperser la foule.

Dieu faisant bien les choses, les manifestants vont trouver par bonheur, un cadre plus propice que l’esplanade du Palais des congrès pour dénoncer les abus du pouvoir en place. C’est donc devant la représentation diplomatique de la France à Lomé que le reste du programme du jour a été mené, sous le regard impuissant des forces de l’ordre qui, malgré leur envie de faire usage de leurs armes de prédilection, c’est-à-dire les grenades lacrymogènes et les matraques pour disperser la foule, ont hésité à franchir ce seuil.

Un sit-in fut observé devant l’ambassade de France où les organisateurs ont donné lecture des griefs qu’ils portent contre le régime de Faure Gnassingbé. Des griefs qui sont entre autres, violations répétées et sans discontinuité des droits de l’Homme au Togo, tentatives de musellement de la presse, usage de tortures sur des citoyens par l’Agence nationale de renseignement (Anr), projet d’atteinte à la vie de journalistes, derniers remparts contre l’Etat de jungle en construction au Togo. Les organisateurs ont aussi attiré l’attention de la France, pays des droits de l’Homme sur ces violations et exhorté l’ambassadeur à porter le message jusqu’au bureau de Nicolas Sarkozy. Selon Ferdinand Ayité, président de SOS Journaliste en Danger, l’objectif de l’association n’était pas de venir devant l’Ambassade de France pour manifester, « mais Dieu aidant, eux-mêmes (les corps habillés, ndlr) nous ont amenés ici ». A ceux qui avancent que cette manifestation est organisée pour d’autres buts, le président de SOS Journaliste en Danger répond : « Ils se trompent. Nous n’allons pas partir de ce pays, nous n’irons nulle part. C’est notre pays, et c’est ici que nous allons œuvrer à son développement».

Lire les déclarations de SOS Journaliste en Danger et du Collectif des défenseurs des droits de l’Homme.
Olivier A.

Déclaration de SOS JED sanctionnant la marche du 06 août 2011

La presse togolaise traverse depuis quelque temps, une période difficile marquée par la fermeture intempestive et illégale des radios par l’Autorité de Réglementation des Postes et Télécommunications (ART&P), des accidents de la circulation suspects et des menaces de mort à l’encontre d’un certain nombre de journalistes jugés critiques à l’endroit du pouvoir de Faure Gnassingbé.
Ces menaces ont pris une tournure inquiétante depuis la journée du 22 juillet 2011, avec des alertes venant de sources concordantes, alléguant un complot de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) visant à porter atteinte à l’intégrité physique et à la vie de ces journalistes. Des alertes confirmées dans la journée du 23 juillet 2011, par une lettre anonyme signée d’un agent de la Gendarmerie travaillant à l’ANR.

Suite à ces allégations, SOS Journaliste en Danger a multiplié les alertes, y compris en direction du Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, ainsi que du ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, le Col Dokissime Gnama-Latta. Ce complot a par ailleurs été largement condamné aussi bien par les organisations de la société civile que par les partis politiques. Malheureusement, aucun communiqué officiel n’a été fait pour situer l’opinion.

Il convient de préciser que ces alertes se font persistantes pendant que l’ANR, dirigée par le Col. Yotroféi MASSINA est décriée par la presse et les organisations de défense des droits de l’Homme pour ses méthodes de tortures et de traitements inhumains et dégradants commis sur les citoyens.
Déjà depuis un moment, l’Autorité de Réglementation du Secteur des Postes et Télécommunications (ART&P) procède à la fermeture illégale des radios privées. Malgré les dénonciations de SOS Journaliste en Danger et des avocats, avec à l’appui l’évocation des textes de loi, le Directeur de l’ART&P, Palouki MASSINA continue de procéder aux fermetures et proférer des menaces de fermeture à l’encontre des radios privées.

Récemment, une équipe de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) totalement contrôlée par le pouvoir et présidée par un inconditionnel du système RPT, prédateur de la liberté de presse, a été mise en place. La première sortie de cette équipe conduite par le Secrétaire adjoint du RPT, Kokou Biossey Tozoun, a consisté à discréditer le travail de la presse, pour justifier la réactivation d’un vieux projet du pouvoir visant à restreindre la liberté de presse et revisiter les textes et règlements régissant le secteur des médias.

Ces projets et tentatives de musèlement de la presse viennent confirmer une résolution prise dans ce sens à Kara à l’entrée en fonction de l’actuel gouvernement. Un projet dénoncé en son temps par SOS Journaliste en Danger.
Face à ce péril que fait planer le pouvoir en place sur la liberté de presse, SOS Journaliste en Danger exige, en vue de rassurer les journalistes dans leur sécurité et leur garantir un climat favorable au libre exercice de leur profession :
– L’ouverture d’une enquête sérieuse sur les allégations de menaces de l’ANR à l’encontre des journalistes ;
– La démission du Colonel Yotroféi MASSINA de la tête de l’ANR, dans les 72 heures à compter du lundi 8 août 2011 ;
– La réouverture sans conditions, des radios privées fermées illégalement par l’ART&P ;
– La démission du Directeur de l’ART&P, Palouki MASSINA et la recomposition de l’institution.
Fait à Lomé, le 6 août 2011

Déclaration des ODDH au soutien des journalistes

Les organisations de Défense des Droits de l’Homme (ODDH):
• L’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, branche togolaise (ACAT-TOGO) ;
• L’Association Togolaise pour la Défense et la Promotion des Droits de l’Homme (ATDPDH) ;
• Le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) ;
• La Coalition Togolaise des Défenseurs des Droits de l’Homme (CTDDH) ;
• Journalistes pour les Droits de l’Homme (JDHO) ;
• La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) ;

Horrifiées par les pratiques qui ont cours au sein de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) et par les menaces persistantes dont feraient l’objet certains journalistes togolais de la presse privée ;
Déclarent ce qui suit :
Suivant « Lettre ouverte » en date à Lomé du mardi, 26 avril 2011, les ODDH ont exprimé au chef de l’Etat leurs vives préoccupations concernant le fonctionnement et les pratiques au sein de l’ANR.

En effet, des investigations menées par nos organisations révèlent que de tels actes constitutifs de douleurs ou de souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligés aux personnes détenues, par des agents de cette Agence, aux fins d’obtenir d’elles ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de les punir d’un acte qu’elles ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de les intimider ou de faire pression sur elles ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce personne.

Ces faits sont constitutifs, sans nul doute, de torture au sens de l’article premier de la Convention des Nations Unies Contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Il a été porté à la connaissance des ODDH que des actes de torture ainsi que des traitements cruels, inhumains et dégradants sont pratiqués dans ces locaux notamment le fait de :
– Faire mettre une personne à genoux toute la nuit ;
– Proférer des menaces réelles de mort, avec arme braquée sur ces personnes pendant des heures ;
– Menotter les personnes par arrière pendant 95 jours durant ;
– Arroser les personnes de l’eau glacée sur le corps pendant une bonne partie de la nuit ;
– Contraindre les personnes à rester sous la pluie ;
– Contraindre les personnes à regarder le soleil pendant 03 heures durant, sans fermer les yeux, ni baisser la tête ;
– Rester debout pendant une semaine entière, nuits et jours ;
– Se coucher tout nu à même le plancher cimenté
– Passer des nuits à côté d’un groupe électrogène en marche…
Plus inquiétant, ces détentions se pratiquent sans aucune intervention des juridictions compétentes, particulièrement le Ministère Public qui a le monopole des poursuites en la matière et ne s’apparentent pas moins à des mesures de garde-à-vue mais bien plus s’assimilent à des peines privatives de liberté.

Or, en aucun cas et sous aucun prétexte, de tels actes ne sont admissibles comme en témoigne le caractère absolu de l’interdiction de la torture par l’article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Convention contre la torture, et autres peines ou traitement cruels, inhumains ou dégradants du 10 décembre 1984, ratifiée par le Togo, ainsi que par l’alinéa 2 de l’article 20 de la Constitution togolaise du 14 octobre 1992.

Les ODDH rappellent les dispositions de l’article 12 de la Convention de New-York contre la torture du 10 décembre 1984 selon lesquelles : «Tout Etat partie veille à ce que les autorités compétentes procèdent immédiatement à une enquête impartiale chaque fois qu’il y a des motifs raisonnables de croire qu’un acte de torture a été commis sur tout territoire sous sa juridiction ».
Les ODDH signataires de la présente lettre ayant constant à l’esprit que cette Agence dépend entièrement de la Présidence de la République, sont en droit de conclure que les exactions qui y sont commises impliquent directement le chef de l’Etat.

Pour toutes ces raisons, nous, Organisations de Défense des Droits de l’Homme, relevons et dénonçons le caractère illégal et hautement répréhensible des actes et pratiques auxquels se livre l’Agence Nationale de Renseignement.
Cela nous a paru indispensable dans la mesure où, l’Agence étant placée sous l’autorité directe du Président de la République, il reste donc le seul à détenir le pouvoir de faire cesser de tels actes.

Les ODDH rappellent que lors de sa 101ème Session tenue à New York aux Etats-Unis du 14 mars au 1er avril 2011 sur « l’Examen des rapports soumis par les Etats parties conformément à l’article 40 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques », le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies s’est, au point 16 de ses « Observations finales » concernant le TOGO, « préoccupé par les allégations de torture et de mauvais traitement en détention, notamment dans les locaux de l’Agence nationale de Renseignement (ANR) et par certaines allégations de décès résultant de mauvais traitements en détention. Le Comité déplore l’absence de réponse de l’Etat partie sur le nombre de plaintes déposées pour torture ou mauvais traitements et le manque de suivi de ces plaintes. Il déplore également le manque d’enquêtes effectuées afin d’apporter la lumière sur les cas de décès en détention (article 6, 7 et 2) ».

Le Comité a ainsi recommandé que «L’État partie (le TOGO) devrait prendre des mesures afin d’enquêter sur toutes les allégations de torture et mauvais traitements ainsi que sur tout décès survenu en détention. De telles enquêtes doivent être diligemment menées afin de traduire les auteurs en justice et d’offrir des réparations utiles aux victimes ».

Les ODDH sont d’autant plus inquiètes que, non seulement le chef de l’Etat n’a pas répondu à leurs recommandations et à celles des instances internationales de protection des droits de l’Homme, mais, lors des cérémonies marquant la commémoration du 51eme anniversaire de l’indépendance du Togo, ce dernier a cru bon de décerner au Colonel MASSINA Yotroféi qui dirige l’ANR la décoration de « Grand croix de mérite ».

Les Organisations de Défense des Droits de l’Homme, par conséquent, ont exigé dans cette lettre ouverte et ce, dans un délai raisonnable :
– La clarification du statut, du rôle, des prérogatives et du fonctionnement de l’Agence Nationale de Renseignement;
– Le transfert immédiat et sans délai de tous les détenus qui sont encore dans les locaux de l’Agence Nationale de Renseignement, vers d’autres centres de détentions habilités à les accueillir.
– La cessation immédiate de tous les actes de torture, exactions et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants commis sur des personnes incarcérées dans la dite Agence ;
– L’autorisation aux ODDH soussignées à visiter périodiquement et de manière inopinée les locaux de l’Agence Nationale de Renseignement afin de rassurer l’opinion nationale et internationale sur la nature des activités effectuées dans cette Agence.

Depuis lors, aucune réaction, ni de la part du chef de l’Etat, ni de la part d’aucune autre autorités n’a été entendue.
Pire encore, il y a de cela quelques temps, des informations persistantes font état de menaces réelles d’atteinte à l’intégrité physique et à la vie de certains journalistes jugés critiques vis-à-vis du pouvoir en place.
Ces menaces qui proviendraient de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) sont attentatoires aux libertés de presse et d’expression au grand mépris des textes internationaux et nationaux, notamment l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, l’article 9 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, l’article 26 de la Constitution togolaise et l’article 99 du Code de la Presse et la Communication du Togo. Naturellement, elles ont fait l’objet de larges et vives condamnations aussi bien par les associations de journalistes que par les ODDH et les partis politiques.
Les ODDH vivement préoccupées par ces agissements graves et horribles, sont inquiètes du silence des plus hautes autorités compétentes, principalement le Président de la République, le Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, la Ministre des Droits de l’Homme, de la Consolidation de la Démocratie et de la Formation Civique vis-à-vis de tels menaces et des cris d’alarme venant des différents acteurs de la vie sociale.

Dans leurs différentes déclarations rendues publiques, les ODDH ont d’abord rappelé avec insistance que la liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique, une des conditions de base de son progrès et du développement de chaque personne. Cette liberté s’applique non seulement aux informations et aux idées qui sont accueillies de manière favorable, mais aussi et surtout à celles qui offensent, choquent ou dérangent le pouvoir étatique ou toute autre partie de la population.
Les ODDH se sont ensuite indignées du fait qu’aucun communiqué officiel n’ait intervenu pour situer l’opinion nationale et internationale sur les cas de menaces dont il est fait état.

Elles ont enfin appelé les autorités compétentes, notamment le chef de l’Etat, surtout en sa qualité d’autorité dont dépend directement l’ANR, à tout mettre en œuvre en vue d’assurer à tous les journalistes, sans distinction aucune, le respect et la protection de leur intégrité physique et morale. Mais depuis lors, aucun communiqué officiel n’a été fait.
Ces menaces viennent rendre plus difficile la mission de journaliste, dans un contexte où difficilement, ce dernier a accès aux informations : informer le plus objectivement possible, avec un sens de responsabilité à toute épreuve, au nom uniquement du droit du citoyen à l’information et dans le but de préserver la paix sociale.
Aux termes de l’article 54 du Code de la Presse et de la Communication en République togolaise, est « journaliste, toute personne qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée, la recherche, la collecte, la sélection, l’exploitation, la publication et la présentation de l’information dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques, dans une ou plusieurs entreprises de communication audiovisuelle, dans une ou plusieurs agences de presse ou dans un service d’information ».

Face à ce climat fort délétère pour la liberté de presse, les ODDH soussignées réitèrent leurs demandes formulées dans leur lettre ouverte adressée au chef de l’Etat le mardi, 26 avril 2011, notamment :
– La clarification du statut, du rôle, des prérogatives et du fonctionnement de l’Agence Nationale de Renseignement ;
– Le transfert immédiat et sans délai de tous les détenus qui sont encore dans les locaux de l’Agence Nationale de Renseignement, vers d’autres centres de détentions habilités à les accueillir.
– La cessation immédiate de tous les actes de torture, exactions et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants commis sur des personnes incarcérées dans la dite Agence.
En outre, les ODDH exigent :
– La Démission pure et simple du Colonel MASSINA Yotroféi, Directeur Général de l’ANR et sa traduction par-devant les juridictions togolaises compétentes ;
– Demandons avec insistance que les agents de la Gendarmerie et de la Police assurent leur mission régalienne d’officiers de police judiciaire ;
– Demandons aux magistrats du Parquet d’avoir un regard constant et vigilant sur le respect des fonctions et missions dévolues à l’ANR, conformément au Décret N°2006-01/PR du 26 janvier 2006 portant création de cette Agence ;
– Dénonçons publiquement et énergiquement le laxisme et la torpeur qui caractérisent l’attitude de l’actuelle ministre des Droits de l’Homme, de la Consolidation de la Démocratie et de la Formation Civique ;
– Demandons l’ouverture immédiate et sans délai d’une enquête indépendante en vue de situer la responsabilité des auteurs des menaces dont font l’objet certains journalistes de la presse privée, ainsi que sur les actes de torture, de traitements cruels, inhumains et dégradants dont sont victimes les personnes détenues au sein de l’ANR ;
– Regrettons et dénonçons les propos du ministre de la Sécurité et de la Protection Civile selon lesquels « l’ANR s’acquitte scrupuleusement de sa mission dans le cadre de ses attributions » ;

En conclusion, il y a lieu de rappeler que déjà au Ve siècle avant J-C, le célèbre philosophe et historien grec, HERODOTE s’écriait en ces termes :
« Artabanus…eut l’audace de parler : Oh Roi, déclara-t-il, il est impossible, au cas où une seule opinion s’exprime, de faire le meilleur choix : un homme est alors contraint de suivre l’avis, quel qu’il soit, qui a pu lui être donné ; en revanche, si des discours opposés se font entendre, il est possible de choisir.

De la même manière, l’or pur ne se reconnaît pas par lui-même ; mais c’est en l’analysant en même temps qu’un minerai de moins bonne qualité que nous voyons lequel est meilleur ».

Triste sort d’un peuple obligé de « la fermer » pour pouvoir manger et pour éviter les représailles politiciennes d’une dictature des plus dangereuses : « silence, on développe ».

Lomé, le 06 Août 2011?

Les ODDH soussignées:
• ACAT-TOGO : Me Jil-Benoît AFANGBEDJI
• ATDPDH : Mme Ayélé DOGBE
• CACIT : Me Zeus Ata Messan AJAVON
• CTDDH : Carlos Komlanvi KETOHOU
• JDHO : Bonaventure MAWUVI
• LTDH : Me Raphaël N. KPANDE-ADZARE
Ampliations:
– Ambassades et Représentations Diplomatiques
– Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), Bureau du TOGO
– Union Européenne (UE)
– Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)
– Presses

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