Pas d’avancée notoire après la rencontre d’Abuja.
«La question des élections n’a même pas été abordée et le tour de table est resté purement formel. On s’est borné à décrire la couleur des rideaux», reconnaît un diplomate qui requiert l’anonymat.
Installé au pouvoir par l’armée togolaise – quelques heures seulement après le décès de son père – Faure Gniassenbé Eyadéma s’est entretenu – hier dans la capitale du Nigéria – avec le président de l’Union africaine et le secrétaire exécutif de la Cedeao – la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest.
Le successeur de son père a tenté de justifié «sa» position face aux deux organisations multilatérales qui jouent leur crédibilité dans cette affaire. Mais Olusegun Obasanjo et Mohamed Ibn Chambas n’ont laissé aucun doute au jeune président auto-proclamé sur la position de l’Union africaine et de la Cedeao face – et je cite – à une prise de pouvoir non constitutionnelle. Par conséquent, l’équation togolaise reste fermée, le statu quo se prolonge alors que mardi soir un officiel annonçait que les nouvelles autorités de Lomé projetaient d’organiser une élection présidentielle dans un délai de soixante jours.
Depuis le début de ce coup d’Etat constitutionnel, l’armée togolaise joue le premier rôle et semble toujours détenir la clef de la crise. Plusieurs proches de Faure Gniassenbé laissent entendre que le jeune président serait prêt à renoncer mais qu’il est – en quelque sorte – l’otage de l’armée et notamment du tout puissant chef d’état-major Zakari Nandja. Les mêmes expliquent qu’en 2001, c’est déjà l’état-major qui avait ramené le président Eyadéma à la raison après son annonce faite à Jacques Chirac de ne pas vouloir briguer un nouveau mandat. Et on insiste à Lomé sur la hantise des militaires, porteurs historiques de la responsabilité de l’assassinat de l’opposant Sylvanus Olympio et de nombre d’exactions à inscrire au chapitre des violations des droits de l’homme les plus graves. Persuadés qu’ils s’exposent aux plus grands périls, si d’aventure l’opposition, et notamment Olympio fils arrivait au pouvoir, «les officiers togolais fermeraient le jeu comme s’il y allait de leur survie. En fait, depuis le début des années 90, le pays s’est installé dans une logique de vendetta», explique un expert de la Cedeao.
Dans cette logique, Lomé joue la montre, d’autant que derrière la détermination affichée de l’Union africaine et de la Cedeao les voisins du petit Togo se montrent plus pragmatique.
Le burkinabé Blaise Campaoré soigne son seul débouché maritime.
Laurent Gbagbo n’arrive pas à dissimuler l’indicible plaisir que lui procure l’analyse comparée des curiosités constitutionnelles togolaises et ivoiriennes, tandis qu’Omar Bongo parle – avec beaucoup de sagesse – du temps qui passe.
Enfin, les conseillers du jeune Eyadéma travaillent à la justification conceptuelle d’une figure émergeante en train de se multiplier: celle de la succession dynastique.
Les mêmes citent la Libye, la Syrie, l’Egypte, le Maroc, la RDC…
Alors pourquoi pas le Togo, disent-ils!
Richard Labévière
RFI
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