27/04/2024

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Togo: L’intransigeance de la CEDEAO

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ne veut accorder aucun répit au pouvoir togolais installé à la hâte après la mort du président Gnassingbé Eyadéma. Après les menaces proférées, les responsables de la Cedeao sont allés à Lomé dire aux autorités togolaises les risques qu’elles encourent si un retour à la légalité constitutionnelle n’est pas effectif et immédiat.

Réunion à Cotonou, le 11 février de cinq chefs d’Etat dont le Nigérian Olusegun Obasanjo qui est par ailleurs président de l’Union africaine, assisté du président de la Commission Alpha Oumar Konaré, convocation d’une délégation togolaise de haut niveau à Niamey auprès du président en exercice de la Cedeao, le 12 février, déplacement d’une délégation de la Cedeao à Lomé le 15 février pour répéter inlassablement le même discours de retour à la légalité constitutionnelle, bref, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest veut visiblement en finir avec les « pratiques d’un autre âge » dont use le régime au pouvoir au Togo. La démission du président investi à la hâte après une réadaptation expresse de la constitution est la seule issue acceptable soutenue par l’organisation régionale.

L’intransigeance de la Cedeao est d’autant plus ferme qu’elle ne veut accepter aucun compromis sur les réaménagements à souhait de la constitution dans le seul but de pérenniser un pouvoir. Le harcèlement du pouvoir est pour l’instant l’option privilégiée au détriment du bras de fer prôné par une aile dure de l’organisation. On prête au Nigeria l’intention d’en découdre militairement avec le pouvoir togolais si les exigences de la Cedeao ne sont pas prises en compte. « Vous devez bien comprendre une chose, à propos du président Obasanjo ; il est un adepte de la tolérance zéro en ce qui concerne les juntes et les dictatures militaires et n’acceptera pas de pareille chose », déclare Femi Fani-Kayode, un des conseillers du président nigérian.

« Le temps presse »

Sur fond de menace, il est alors clairement suggéré au pouvoir de Lomé de revenir au respect strict de la constitution, c’est-à-dire la démission de Faure Gnassingbé. Ce seul sujet est à l’ordre du jour de réunion entre du 15 février entre la délégation de la Cedeao et les autorités togolaises. La délégation de l’organisation est conduite par son secrétaire général, Mohamed Ibn Chambas, et la ministre nigérienne des Affaires étrangères, Aïchatou Mindaoudou et le ministre nigérian des Affaires étrangères Olu Adeniji.

Une réponse est attendue dans la soirée. Pour le ministre sénégalais des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio « le temps presse ». Après plus d’une heure d’entretien avec les émissaires de la Cedeao, la délégation togolaise s’est retirée pour aller rendre compte au chef de l’Etat. Peu de temps après, les émissaires de la Cedeao ont été reçus à Lomé II, le palais présidentiel, par Faure Gnassingbé en présence du Premier ministre Koffi Sama. Quittant le palais présidentiel, la délégation de la Cedeao a qualifié ses discussions de « pleines et fructueuses » avec Faure Gnassingbé. Elle s’est refusée à toute autre déclaration réservant la primeur de ses informations aux chefs d’Etat de la Cedeao. Le retour à la légalité constitutionnelle exigé par la Cedeao se fera-t-il sans Faure Gnassingbé, ou quelle est la nature des compromis ? Toutes ces questions trouveront leurs réponses dans les heures à venir.

Didier Samson
Article publié le 15/02/2005